Le
rapport du COR (
Source), qui présente en fonction de quatre scénarios de croissance du PIB de 2022 à 2070, la part du PIB que l’on devrait consacrer dans notre système de retraite, estime que dans le pire scénarios - celui d’une croissance stable à 0.7 % par an du PIB, le système de retraite devrait stabiliser ses besoins de financement autour de 14.7 % du PIB à horizon 2070 contre 13.8 % aujourd’hui (
Source).
Dit simplement, dans le pire scénario du COR, il faudra augmenter les dépenses pour le système de retraite mais ça devrait se stabiliser dans le temps.
Il n’y a pas de dépenses non maîtrisées et d’accroissement du déficit progressif.
Dans le meilleur scénario, celui d’une croissance de 1.6 %, on se retrouve avec une part à 12,1 % des dépenses du PIB en 2070.
Il est important de rappeler que le ratio Actifs vs Retraités devrait baisser et se stabiliser autour de 1.5 actifs (
Graphique 1.10 du rapport du COR, Source) pour 1 retraité, alors qu’aujourd’hui il est de 2.25.
Point de vigilance 1 : le Solde du Système des Retraites.
Il est important de rappeler que ces chiffres n’évoquent que la part du PIB que l’on consacre au système des retraites.
Il n’indique pas si le système de financement des retraites va être excédentaire ou déficitaire d’année en année. Il ne fait que de dire combien de pourcentage du PIB il sera nécessaire de mobiliser pour financer le système des retraites.
Il est important de rappeler que depuis 2008, le système de retraite a été le plus clair de temps en déficit plus qu’en excédent, si on se rapporte au graphique 2.19 du rapport du COR (
Source).
Il existe plusieurs scénarios de croissance pour lesquelles le solde du système des retraites devrait empirer à partir des années 2030 et n’arriverais pas à être positif.
Pour rappel, la structure de financement de notre système de retraite est la suivante :
67 % Cotisations sociales
12 % cotisations sociales de l'état
12 % impôt et taxes affectées
7 % Transfert d'organismes tiers
2 % autres ressources
Ce qui fait globalement
90 % de revenus d'activités
3 % de revenus du capital
4 % taxés sur la consommation
3 % pris aux retraités eux-mêmes.
(Source, Les Echos et le COR)
Je cite le rapport du COR :
Citation :
“Toutefois, si 67 % des ressources proviennent des cotisations payées par les actifs en emploi et leurs employeurs (hors contributions de l’État employeur), d’autres transferts que les cotisations viennent financer le système de retraite : 15 % proviennent ainsi des prises en charge de cotisations par l’État destinées à assurer l’équilibre financier du régime de la fonction publique de l’État et des autres régimes spéciaux (SNCF, RATP, régimes des mines, marins ou encore régime des ouvriers de l’État), 12 % des recettes fiscales (dont la CSG), payées par les actifs et les retraités et 7 % des transferts en provenance des organismes extérieurs (prises en charge de cotisations et de prestations famille ou chômage principalement). Ces deux dernières sources de financement ont pour objectif de servir à compenser les exonérations de cotisations sur les bas salaires, certains dispositifs de solidarité ou encore une démographie très défavorable (régimes des agriculteurs exploitants).”
Pour faire simple, notre système de retraite par répartition ne peut pas fonctionner uniquement qu’avec la répartition. Il se finance à l’aide de la CSG et de l’intervention de l'État.
Cela signifie que l’équilibre du système des retraites repose sur une intervention de l'État du fait que le système ne se finance pas tout seul.
Point de Vigilance 2 : Le déficit budgétaire de la France.
Les projections de la part du PIB nécessaire pour financer le système des retraites ne donnent aucune indication sur l’évolution de l’équilibre global de nos dépenses publiques.
Si on se fit aux chiffres communiqués par l’INSEE (
Source), la tendance depuis le début des années 90 est à l’accroissement du déficit. Nous sommes bien en dessous les critères de Maastricht.
La part du PIB que l’on consacre dans notre système global est donc trop élevée par rapport à nos recettes.
C’est pour ça qu’il me semble important de modérer les projections qui ne se basent que sur une part des dépenses par rapport au PIB.
Observation : Âge moyen conjoncturel de départ à la retraite
Il est important de rappeler que, réforme ou pas, les réformes précédentes du régime des retraites, comme la réforme Touraine votée en 2014 et entrée en vigueur en 2020 et qui prévoit 43 annuités pour bénéficier du taux plein, devrait amener les actifs à partir à la retraite vers 64 ans plus le temps passe (Page 9 du rapport 2022 du COR). Cela devrait converger dans les années 2040.
On peut donc se dire que de repousser l’âge de départ à la retraite à 64 ans est inutile car en moyenne cela se fera conjoncturellement.
En fait, cette observation rend compte des réformes précédentes, avec la réforme actuelle, cette moyenne va donc augmenter si on repousse l’âge à 64 ans.